mercredi 11 novembre 2015

YouCantSitWitUS 2

Skinny, Kelly, Carla on the road.


Voilà c'est bon il est là YouCantSitWitUS 2. Vous m'avez tous pris le chou pour que je l'écrive, surtout toi Soraya...Meeeh Skinny elle prend des notes faites attention à ce que vous faites... Occupe toi de toi et profite de ton séjour!!
Si vous n'avez pas lu "L'amour du Risque" la précédente story, vous allez être un peu perdu. D'ailleurs j'ai reçu des mails où on m'a dit qu'elle était trop trash!! Je comprends maintenant les mille visites...GET OUT OF MY BLOG YOU PEOPLE SO PHONEY!!
YouCantSitWitUs 2 c’est pas la suite du 1. Jennifer nous a proposé de venir l'aider à bosser avec elle sur un Road Trip. Londres-Bournemouth-Portsmouth-Brighton. Pour seulement cent euros chacun tout compris. Starring : Soraya, Skinny, Carla, Megh et Polo. Connaissant Jennifer et ses soirées délurées, j'ai mis au parfum le gang que ça allait être quelque chose. Jonathan et Jennifer font des fêtes tous les soirs...ils sont à deux mille, une énergie et une imagination débordante. Ils sortent le harnais, le gros real skin et tout leur paraît normal. Notre seule règle à nous, c'était de ne pas aller dans l'excès et surtout de ne jamais laisser trainer son verre...Ça va être peu long alors mettez la ceinture y aura des turbulences!

Brighton.

Jonathan ne s'habituera jamais au bordel qui règne dans l'appartement. Jennifer s'adresse à lui en regardant la télé, sa console au creux de la main, elle joue en ligne au Tetris avec des Chinois. Elle y joue depuis qu'il la connaît, à une vitesse affolante. Ils font l'un et l'autre comme si leurs rapports n'avaient guère évolué ces derniers temps. A cette différence notable qu'à présent ils pourraient être en couple. Maintenant qu'il couche avec des filles, son regard sur elle change. Il évite soigneusement de lui dire qu'il ne la voit plus tout à fait comme avant. Elle le prendrait comme une trahison. Il ne peut pas lui parler de ce que ça fait la testostérone, il a envie de sexe tout le temps. Ils passent la moitié de leurs soirées ensemble. Peu importe qu'il soit un mec, une femme ou un chimpanzé à deux têtes, il est la seule personne qu'elle supporte plus de trois jours d'affilés. Il faut juste laisser à Jenny le temps de réaliser qu'elle est célibataire depuis des années et que Jonathan ne laissera personne prendre sa place. Mais Jenny met du temps à digérer le choix qu'il a fait.
Pour le moment, ils sont devant un épisode de Game Of Thrones et il a du mal à suivre l'intrigue. Il dit "mais c'est trop compliqué cette série?" Jenny ne regarde pas l'écran, elle continue de jouer au Tetris, elle répond du tac au tac. "Non c'est toi qui es défoncé."
Jonathan ouvre le message qui vient d'arriver sur son portable. Il demande :
_Dis moi t'as des nouvelles de Cook?
_Pas depuis hier.
_Parce que là, j'ai une meuf qui s'appelle Skully, qui me dit que la police aurait fait une descente chez lui.
_Nooon? Montre! C'est pas possible, t'as changé de nom, t'as changé de genre et t'as changé de numéro de portable cinq cent cinquante fois...comment elle arriverait jusqu'à toi? Tu crois que c'est en rapport avec ce qui c'est passé hier?
_Je sais pas mais j'en est rien foutre de lui.
_Tu vas répondre quoi?
_Une meuf qui me dit qu'elle s'appelle Skully? Rien. Je ne vais rien lui répondre du tout.

Londres.

Une blonde avec un cabas rose fuchsia coincé sous le bras elle lit le dernier Stephen King en se tenant à la barre. Une brune à lunettes mâche son chewing-gum, elle a boutonné sa chemise noire à pois blancs jusqu'en haut, elle porte des perles nacrées aux oreilles. Un ado black, teddy rouge, crâne rasé, lunettes à épaisse monture noire tape un texto, un quadragénaire sac au dos et écouteurs fluo jaunes est assis les jambes écartées, pas de doutes nous sommes à Londres. Dans le métro direction Enfield chez ma tante pour poser nos affaires. Au fur et à mesure que le tube s'enfonce dans la ville, la population se diversifie. A partir de Paddington, la rame est blindée. On a rendez-vous avec Jennifer vers dix huit heures, ça nous laisse le temps de nous décontracter avant les hostilités. On se lave, on mange, on prend juste le nécessaire pour le trip et on est partis. Enfield ça sera un peu comme notre base.
Ce soir Jennifer nous conduit dans un appartement sur trois étages, la surface totale doit avoisiner les 400 mètres carrés, on se croirait dans un hypermarché on est fatigué de marcher rien que pour faire le tour. Une longue terrasse longe l'étage du haut. Les toits de Londres s'étendent à perte de vue, le ciel gris ne s'ouvre pas, on ne voit le jour que quelques heures dans la journée. Il y a comme un couvercle sur la ville.
Jenny nous installent dans une chambre avec trois grands lits juste ce qu'il faut pour nous cinq.
_Mais qui a pu imaginer un appartement aussi grand? Ça se loue combien un truc pareil?
_Ça s’achète en l’occurrence sur un coup de tête. Vu le quartier, tu comptes dans les quatre millions. Réponds Jenny.
_T'es là depuis longtemps?
_J'ai la chambre depuis un moment...comme Sam m'a dit qu'elle avait de la famille ici, j'ai voulu vous faire profiter.
Profiter? tu parles! la soirée vient de débuter le Dj est déjà raide, il n'est plus en état pour mixer. Jenny doit gérer l'urgence. Soraya se propose :
_Si t'as un Mac je peux assurer le truc. J'ai mon Ipod avec un tas de playlist.
_Sérieusement?
_Ouais ne t'inquiète pas je bosse dans la night je devrais pas mal m'en sortir.
_Ça me dépanne, t'imagine même pas. Peut-être que le maître des lieux pourra te faire un chèque.
Dit Jenny avec son sourire de salope.

Le son est excellent, le Dj est au top. Toujours faire confiance à Jennifer. A première vue tout le monde s'est demandé mais c'est qui cette petite maigrelette et elle a branché son Ipod. Les enceintes crachent du Rod Stewart, cette fille est géniale, elle ose tout et elle tombe juste. A partir d'aujourd'hui elle sera Dj résident. Fait pété la Grey Goose et les Red Bull pour la Dj et ses amis. Les gens débarquent par groupes, soûles et vulgaire, c'est comme ça qu'ils aiment faire la fête. Un connard gerbe dans les plantes vertes. Cook l'attrape par l'épaule et lui dit de dégager toute suite. Il déteste les tocards qui ne tiennent pas l'alcool. Cook c’est le maître des lieux en question. Il aime faire la fête chez lui. Jennifer vient de France, il a engagé parce que en ce moment elle est en vogue dans la Private Night. Il aime être entouré de gens qui réussissent et qui entreprennent. Cook c'est un sprinter. Il réagit à la seconde, il marche au rythme des machines. Les bénefs se comptent en livre sterling. Il est sur le qui-vive, un vrai guerrier. Il kiffe Soraya, elle lit dans ses pensées, elle sait qu'il faut donner de la musique de salle de sports pour que ça danse. La fête monte encore d'un cran on le sent, avec K on est assises sur un beau sofa rouge juste derrière Soraya. Megh et Polo sont en train de danser sur Janet Jackson All Nite. On n'est pas trop dans l'ambiance mais c'est cool. On a toutes sortes de cachets, à faire dormir un éléphant si jamais un queutard ou une sadomaso s'approche de trop prés. Ça commence à fuck fucker dans les coins, c'est cosmique et c'est crade... Damn ils aiment ça les Anglais!
Cook est en admiration. Tous ces gens sont venues pour ça, ils voient la taille de l'appartement et ça les chauffe, ils veulent tailler une pipe au mec qui est capable de se payer ça. Mais putain Jennifer quelle génie il se dit! Pourtant il n'aime pas son associé, Jonathan le mec bizarre très maniaque. Et puis quand Jenny a ramené ses "Frenchies" il a failli s'énerver. Cook avait regardé Jenny de travers et elle a fait ce regard qu'il aime bien...Quand il a vu Soraya aux platines il a frôlé l'AVC. Autant elle est toute petite et mince mais ses formes méritent de se casser le cou. Elle a la dégaine adéquate. Elle bouge à peine, les vraies femmes ne dansent pas, elle est dans le son. La petite prend un virage à 180 degrés musique chaude et kitsch et ça passe. Cook jette un œil à son iTunes Candi Staton mais putain comment cette petite pute a osé jouer ça maintenant. Pile ce qu'il lui fallait, ce qui convient pour que les rosbifs se réchauffent.
_Groovy night jamais vu un Dj au féminin.
Il nous balance à K et moi.
_Pourquoi ce n'est pas une star? Pourquoi vous n'êtes pas riches?
On a même pas le temps de lui répondre qu'il part déjà dans un monologue en s'adressant à toutes les personnes devant lui.
_Encore une ligne, une dernière coupe et au dodo!
Albert King Breaking Up Somebody's Home. So assure. Cook hurle DJ SMOKE SORAYA IN DA HOUSE. Il sait que c'est ringard il s'en fout il est chez lui il plane comme il l'entend. Il prend Soraya prend l'épaule. C'est à peine s'il lui embrasse le cou et murmure :
_Putain bravo pour ta musique c'est un kif incroyable! You're bad bad bad ass motherfucker! T'as tout ce qu'il te faut pour ce soir? S'il y a un problème ne passe par Jenny viens me voir direct MOI!
Il pense que Soraya lui appartient. C'est comme ça avec lui, il pense possédé toutes les personnes qui sont dans son manoir.
So weit wie noch nie. Vieille techno allemande. Tout le monde danse. Juste quand Cook allait se coucher, le petit son qu'il faut. Il me fixe, je fais mine de détourner le regard. Megh danse les yeux fermés, K s'est collée à son dos on dirait un petit show lesbien mais c'est une technique qu'elles ont mise au point. Quand Megh est défoncée K se colle à elle pour la protégée. Cook dit "allez les filles mettez-moi le feu dans ce salon". C'est l'enfer ici Tribal, tribal j'adore ça! Il me prend la main pour que je l'accompagne, je rechigne et il fronce les sourcils. Je le suis jusque dans sa chambre. Polo était raide sur le sofa, K et Megh dansaient et So dans son mix. Il n'y a que Jonathan qui nous a vu nous éloigner. Sa chambre est assez loin du salon pour qu'il laisse les gens s'amuser. Il doit croire que je suis assez drunk pour exécuter ses désirs, il a directement enlevé sa chemise, il trouve qu'il fait trop chaud sûrement la coke. Il sort une bouteille de Jack Daniel's de son frigo perso, je sers deux verres pour lui et un troisième pour moi. Dans un accent british que je comprends à peine il me dit :
_Ta gueule me revient pas à toi!
_Je suis un peu timide, je ne suis pas chez moi.
_T'es pas timide, juste mystérieuse. Je déteste les timides.
_Sorry si je ne suis pas une "Badass Motherfucker"
_Les motherfuckers sont des rageux, au moins ils ont de grandes gueules. Pas froid aux yeux. La timidité c'est la marque des sournois la classe moyenne, les moins que rien qui se prennent pour quelqu'un. La timidité signe le complexe, le complexe signe la traîtrise.
Et il ne se trompait pas, j’avais effectivement mis des cachets dans ses verres il parlait un peu trop, il avait surement besoin de repos. Après vingts minutes de discussion il s'est endormi. Je suis retournée dans le salon.
Carla et Megh m'ont demandé ou j'étais? j'ai répondu aux toilettes.
Ça fait bien une heure que t'es parti me dit K. Meghan est assise à coté de Polo qui roule des joints d'herbe pure sans s’arrêter. Une heure qui promet d'aller se coucher mais décide finalement de sortir dans la terrasse pour fumer.
Jonathan se joint à nous il a une mine réjouie, il ne me demande pas où est Cook. Toute la nuit Cook a hurlé le nom de Soraya. Jo n'a pas fait attention à elle, mais maintenant qu'il regarde à son tour il lui trouve quelque chose. Elle a de très belles mains. So est calme. Elle est mûre, elle en a vu d'autres. Ses rides d'expression sont celles de quelqu'un qui a beaucoup ri. Il se rapproche d'elle "qu'est-ce que c'est comme morceau?" Jo chuchote la question en effleurant l’intérieur de son coude du bout des doigts. Elle lève les yeux sur lui, le dévisage sans sourire. Son regard est dur. Elle répond "Freddie King" elle a une belle voix, profonde, elle donne le titre en lui parlant à l'oreille "Please send me someone to love" Elle le prononce correctement en anglais, elle ne s'emballe pas, elle est sûre d'elle. Elle lui plaît un petit peu. Elle est absorbée par la musique. Elle change de son. Tostaky Noir Désir. Même quand on danse sur Noir Désir dans les salons des beaux quartiers. Pas de frénésie, pas avec le corps. A Londres, le corps garde le masque. Soraya enchaîne The Smiths d'autres silhouettes autour de lui. Il oublie. Il danse pour elle, elle ignore, l'agace. Ça l'excite.
Avec K, ça nous agace aussi on sort rejoindre les autres à la terrasse.
Jonathan nous a suivis pour fumer un peu. L'air est glacé, il respire à plein poumons le jour commence à peine à se voir. On débat sur le fait que les flics à Londres ne sont pas armés. Les dialogues de fin de soirée à l'aube. Jo déteste ça. Le speed le laisse retomber. Il aurait dû prendre de la MDMA. Tout le monde en reprend en ce moment. Il n'a pas assez bu, il ne se sent pas en état pour supporter ça. Il rentre, Soraya n'a pas bougé, Jo lui dit "à demain Dj. Tu sais qu'ici personne n'ira se coucher, tu peux monter dans ta chambre quand tu veux. Ils-n’entendent plus." Elle sourit sans répondre. Elle lui plaît de plus en plus. Elle est son histoire de nuit ce qui fait que la soirée n’était pas tout à fait pourrie.
Jennifer vient nous voir dans la chambre, personne n'a vraiment dormi, on s'est tous plus ou moins assoupi. Jenny elle continue de se faire des traits devant la télévision en buvant des bols de thé Genmaicha qu'elle partage avec Carla. So, Polo et Megh tourne à l'herbe et à la vodka. Moi j'ai suivi Jack accompagné de chocolat Toblerone.
Jennifer se lève subitement et allume une cigarette avec classe et désinvolture puis regarde Soraya dans les yeux :
_T'as bien kiffé cette nuit.
_Ouais à fonds...j'étais juste un peu naze vers la fin.
_Prends-moi pour une jeune vierge, bébé...surtout ne me parle pas de Jonathan. Ça ne crevait pas du tout les yeux que vous vous cherchez sexuellement.
Soraya fait l'effort de rester inexpressive. Elle a envie d'entendre prononcer son nom, elle a envie de savoir des choses sur lui elle a envie que Jenny lui dise que ça crevait les yeux qu'elle lui plaisait beaucoup.
Jenny lève les yeux au ciel par déception.
_Je te connais pas assez mais je sais très bien où tu veux en venir.
_Je vois pas de quoi tu parles?
_Ce n'est pas un mauvais choix. C'est un bon gars. Si j'aimais les hommes, moi aussi je voudrais coucher avec lui. Le seul truc c'est que tu vas lui briser le cœur bébé.
_Il a de très belles mains, mais ça s’arrête là.
_Elles s’arrêtent où, ses mains, exactement?
_J'aime l'amour...est-ce un crime?
_L'amour, l'amour je dirais plutôt que t'aimes te faire....
Tout d'un coup Jonathan ouvre la porte de la chambre, paniqué il nous dit.... COOK EST INCONSCIENT ON ARRIVE A PAS A LE RÉVEILLER!!
On se regarde tous un peu choqué sans dire un mot... et Jennifer dit prenez vos affaires on se casse!!

Bournemouth.

Comme tous les jours en me levant, je me demande quel temps il fait à Marseille. La ville me manque un peu. J'ai pratiquement dormi pendant tout le trajet. Il y a un camping à quelques mètres, ils organisent une fête de début de saison sur les plages. Le vent porte le son- Daft Punk Get Lucky. Au loin, un train passe. Il relie tous les villages de la côte. Il y a une petite gare, à dix minutes à pied. Aujourd'hui les derniers arrivants débarqueront en masse dans ce coin perdu de Bournemouth....La plage n'est pas loin de notre petite maison avec toilette mais sans douche. On est un peu tous déçus de se laver a la mer. Meghan encore plus, elle a horreur du sel et elle n'aime pas que le sable lui rentre dans ses Vans. Elle préférait Londres. Ici les gens portent tous des tongs. On voit beaucoup trop de doigts de pied, à son goût.
Le soleil cogne déjà. On est en plein mois de juillet, des guêpes s'activent au-dessus du café. Jenny nous briefe vite fait sur la soirée et pars s'allonger sur le sable. On a mis trois heures et demie pour faire Londres-Bournemouth. Deux voitures, Carla, So, et moi avec ma cousine Kelly qui nous a rejoints avec son Opel Corsa violette 1999. Jennifer, Meghan et Polo dans la Mercedes grise Classe B de Jonathan. Personne n'a pu aborder le sujet So-Jo.
Tout ça s'est mis en route quand on s'est fait un petit repas dans la maison. Soraya soufflait l'air en faisant trembler ses lèvres, comme si elle cherchait à les détendre. Puis elle dit à Jonathan "alors il s'est passé quoi avec Cook?" Il avait croisé les mains au-dessus de sa tête avant de répondre "c'était glauque..." So avait légèrement rapproché sa hanche de la sienne, pour qu'il sache que s'il oubliait deux minutes Jenny, elle était disposée à reparler de ce qui s'était passer dans la nuit. Alors Jennifer avait fondu en larmes. Bruyamment. Pas le genre j'écrase une larme dans mon coin et j’espère que personne ne le remarquera. Non Godammit elle sanglotait à tout péter dans la baraque. "Vous ne voyez pas que c'est foutu? Tout est foutu" personne n'avait l'air de bien comprendre où elle voulait en venir...mais bon c'était la première fois que je la voyais péter les plombs. Polo l'avait prise dans ses bras pour la consoler. Kelly enfoncée dans un pouf est restée bête. So et Jo avaient échangé un regard consterné, genre merde, on a dû dire une grosse connerie sans le savoir. Et Megh s'était avancée au milieu du groupe en disant "Je vous aime tous moi les gars, on est là pour le fun seulement le fun." Carla avait attendu que quelqu'un fasse une blague, pour détendre l’atmosphère, mais tout le monde était resté silencieux. Moi je prenais des notes sur mon téléphone.
C'est ce à ce moment là que j'avais décidé d'écrire YouCantSitWitUs2. J'avais pris conscience de l'effet de groupe. Lorsque nous sommes plus de trois et loin de chez nous. On voit vraiment la vraie nature des gens. Je restais dans mon coin avec mon calepin.

Il fait grand soleil. Meghan porte un grand chapeau de paille, qui cache le haut de son visage, elle sourit à Soraya en s'approchant d'elle, elle roule en marchant elle cale un filtre au creux d'une feuille à rouler qu'elle a posé sur la paume de sa main gauche. Kelly reluque deux garçons torse nu qui traversent la terrasse. Ils ont les épaules larges, le dos marqué. Elle penche la tête sur le côté et dit en soupirant "Wow this guys...just WOW" J'approuve avec un large sourire.
Polo s'est installé sous un parasol, assis sur une chaise pliante, il mange des chips 3D, glacière remplie de bières à sa droite, chemise mi-ouverte sur le bide avec des New Balance rouge et noir aux pieds. Il insiste toujours pour leur donner du fric comme participation aux fêtes. Jonathan trouve ça touchant d'imaginer que ce mec a fait des petites économies et qu'il pioche dedans pour les aider à organiser des fêtes de campagne...Alors qui ne danse pas et qu'il déteste les tongs, au moins autant que sa meuf. Quand Carla dit "Je ne vois pas à quoi ça sert vos fêtes" Je répond " A rien...et c'est ça qui tue!!"
Jennifer avait glissé son bras sous celui de Jonathan, comme elle savait si bien le faire, un geste d'intimité pas suffisamment sexuel pour autoriser qu'on lui passe la main entre les cuisses mais assez tendre pour qu'on se permette de l'enlacer par la taille et du coup tout ce qui suivait était mi-libidinale mi-amicale et elle avait demandé avec une voix grave s'il partirait quelques jours avec elle pour réfléchir "à tout ça." Il avait répondu oui évidemment où tu veux quand tu veux ce que tu veux. Ça a suffi pour remonter le moral à Jenny. Elle était entrée dans sa phase qu'on peut qualifier de maniaque. On ne peut plus l'inciter à redescendre, Jo rentre dans son jeu, il connaît par cœur. Les deux ensemble désœuvrés : des étincelles. C'est là qu'était née l'idée de base à partir desquelles s'organiseraient les "fêtes." Au début il s'agissait juste de faire une fête mais dès la première nuit, dans une ancienne fabrique de tabac par encore réhabilitée qu'ils avaient occupée sans prévenir, ni laisser de trace après coup, ils étaient plus de cinquante à se rassembler.
Pourtant, ceux qui veulent assister aux fêtes doivent se tenir prêts à quelques efforts :  ils reçoivent la veille du départ, un mot qu'on leur remet en mains propres, c'est généralement un rendez-vous dans une gare routière. Mais ça peut être le train ou une voiture. On ne sait jamais. Pas de taxi, pas de bus ou métro, c'est très complexe. Chacun joue le jeu avec application parce que ça fait partie de la mise en condition. Il faut laisser le téléphone et la tablette à la maison. Une fois arrivé a destination quelqu'un vient récupérer les visiteurs. S'il y en a qui sont quand même venu avec leurs portables, ils les laissent dans un appartement relais. Jennifer à des demandes dans les coins les plus reculés de France et d'ailleurs. Elle s'est fait un nom. Elle a le nom de ceux qui se feraient arracher le cœur plutôt que trahir une promesse qu'ils lui ont faite. Ils sont les fameux appartements relais. Tout est comme ça : extrêmement complexe. Ça fait partie du charme de l'entreprise. Et chaque mois il y a de plus en plus de monde. Je regarde autour de moi. beaucoup de filles, peu d'hétéros. De plus en plus de grosses, quelques hippies, des homos, des trans. Beaucoup de prostitués. quelques beaux mecs, des vieux aussi. Tout le monde en tongs et ça gave tellement Meghan. Sur le camp, les conflits sont en germes, entre ceux qui n'arrête pas de bosser et ceux qui veulent dormir, ceux qui aiment commander et ceux qui ne supportent pas qu'ont leur donnent des ordres, ceux qui ne pensent qu'à se droguer et ceux qui disent que la drogue nuit à la fête, ceux qui veulent parler sérieusement et ceux qui ne racontent que des conneries, ceux qui ont envie de coucher avec tout le monde et ceux qui veulent la monogamie... Il y aura des problèmes d'argent, d'égo et même de trahison... Il y aura tout ce qui faut d'embrouilles et d'occasion pour se décevoir... La soirée à pris son envole. Le point commun entre tous ces gens qui affluent est impossible à définir. Ils sont venus pour "danser."

London!!!

Décidément même pas le temps de taper une grasse-mat, je commence à être fatigué c'est surement l'âge me dit Kelly. On s'est endormi vers huit heures du matin, Jenny est venu nous réveiller à neuf heures et demie en disant "Vous dormirez sur le chemin." Je ne me demande plus comment elle fait pour conduire ou pour tenir ce rythme, avec Jonathan ce sont deux spécimens. Sur la route direction Portsmouth, cette fois-ci je suis à l’arrière du Classe B avec K, Jennifer devant et Soraya qui conduit. C'est une vraie ambiance de road trip avec Ruth Brown As Long as I'm Moving qui retentit. D'un coup Jenny coupe le son, elle se presse sur son téléphone comme si s'était un mort qui l'appelait...
...
_Je suis pas à Londres
...
_Tu le divertis. Je reviens dans trois jours.
...
_ Impossible!
...
_Six mille euros.
...
_Alzheimer te ronge. Tu m'as proposé le double mais je t'ai fait un prix d'ami.

Elle remet le son et appelle Jonathan qui est dans l'Opel Corsa entrain de s'en fumer avec Polo et Megh.
_On s’arrête à la prochaine sortie. Changement de plan, on retourne sur Londres, on annule Portsmouth et on essaye de rabattre le plus de monde possible chez Cook.
Jennifer souffle comme si elle était soulagée d'un poids, moi je stresse un peu à l'idée de revoir Cook. K s'est endormi et Soraya au volant demande :
_Tout va bien?
_Y a pas de problème, on retourne juste à Londres chez Cook et on ira à Brighton demain midi.
Jenny avait répondu d'un ton sec avant d'enchainer :
_Et toi c'est quoi ton problème avec Jo? Tu sais qu'il n'est pas né mec, je pensais que Skinny te l'avait dit ou que tu l'avais deviné.
So n'avait rien répondu, elle avait encaissé le coup. Elle était tellement décontenancée qu'elle était incapable d'exprimer ce que ça lui inspirait. Elle ne savait rien des trans. Ce n'est même pas que ça la perturbait, ça ne la concernait pas et ça n'enlevait pas non plus son attirance pour lui.
Elle sait qu'elle a tapé dans l’œil de Cook mais seul Jonathan l’obsède. Le premier soir elle avait à peine remarqué Jo. Les mecs étaient sublimes, désœuvrés et si confus qu'on avait l'impression de pouvoir les emballer rien qu'en leur accordant un regard. Jo faisait partie de ce lot. Quand il s'était distingué en dansant à l'aube, elle avait admiré l'élégance du coup de reins, cette façon de s'exposer tout en restant mesuré.
Quand on est arrivé à Londres. On a repris la même chambre avec Kelly en plus. Cook ne s'était pas encore montré. Jonathan est vite venu dans la chambre comme si Soraya l'avait manquée pendant tout le trajet. Elle tenait une tasse de thé entre ses paumes, le visage tourné vers la lumière, assise en face de la baie vitrée. Elle était devenue instantanément toutes les femmes qu'il n'avait jamais eues. Dans son job il avait côtoyé des pin-up, des bourgeoises dépravées ou les intellos maso...des petites filles qui rêvent d’être Rihanna, Beyoncé ou Shakira. Mais les autres Patti Smith et Madonna, celles qui jouent dans une autre cour et ne sont pas dans le paraître... Il se demandait comment une fille comme elle peut s'intéressait à un mec comme lui. Dans l'appartement, Jonathan savait toujours où se trouvait Soraya, il passait dans les pièces dans lesquelles elle était par hasard. Ils se tournaient autour, ils ne se disaient rien, entre eux s'était tendue une corde invisible.

Pendant la soirée, on était tous entrains de se défouler sur la musique de Dj Smoke Soraya. Je suis parti me rafraichir sur le sofa rouge, il y avait Jonathan, Polo qui ne danse quasiment jamais et Cook qui dessinait à la carte Gold, sur la couverture d'un livre de photos, une série de traits impeccables, de taille régulière, espacés avec précisons. Je pensais qu'il m'avait oublié ou peut-être qu'il faisait semblant ou pire encore qu'il avait trouvé ça normal que je le drogue. Je n'ai pas osé revenir sur le sujet. C'était assez louche puisqu'il se rappelle totalement de nos prénoms et il avait même insisté pour que Soraya refasse Dj. Jo lui demande comment il fait pour que ses lignes restent géométriques, il avait raconté qu'il avait fait des études d'architecte en arrivant en Angleterre dans le Sud, que ça lui avait mis le compas dans l’œil. Il nous parlait de la cocaïne en prenant de la cocaïne :
_Chaque ligne qu'on se met dans le nez il faut penser qu'on sniffe le narcotrafic, le capitalisme le plus gore qu'on puisse imaginer, on se met dans le nez les cartels et la police, les milices privées et la prostituions qui va avec... C'est l'argent de la cocaïne qui a sauvé les banques, tout le système ne sert qu'à blanchir cet argent. Tu sais où elle a été inventée cette drogue? en Autriche. Ne me dis pas que tu vois pas où je veux en venir. c'est la seule drogue qui n'ait aucune spiritualité. Avec sa petite cousine, le crack. Même le MDMA te rapproche te Dieu. Il n'y a que la coke qui t'engraine autant et qui se contente de te rendre beaucoup plus con que tu ne l'étais au départ.

Soraya est venue aussi s'assoir avec nous. Elle observait Jonathan en se demandant s'il avait étudié chaque geste pour paraître viril, la tête bien droite, juste après avoir pris sa ligne, les jambes qui ne se croisent jamais. A aucun moment Jo n'avait de geste ni d’expression qu'un vrai mec ne ferait pas. Au contraire, il incarnait le mâle. Cette nuit-là ils sont restés un long moment à discuter. Cook, Polo, Jo et So. Ils parlaient musique, drogue, politique... Je suis repartie danser avec les autres. Jo et So se cherchaient, ils s’arrangeaient pour se pencher en même temps sur l'ordinateur et que leurs épaules se touchent, écouter un morceau ensemble avec un seul écouteur et que leurs genoux soient en contact. Et plus ils se touchaient plus Soraya se posait des questions. Ils avaient descendu une bouteille de Grey Goose à quatre, Cook est partis en chercher une autre. So a subitement commencé à embrasser Jo. Sans l'alcool, elle aurait sans doute pensé à se demander si elle devenait bi parce qu'elle embrassait un mec qui était une fille autrefois...Mais, mais mais ... Cook est revenu avec la vodka, il a encore froncé les sourcils. Sur le moment il s'est contenté de dire Jonathan je n'aurai pas cru ça de toi, sur un ton surpris qui voulait dire "you an asshole" et toi Dj Smoke qu'est-ce que tu fous avec ce mec tu vois bien que tu te déprécies. So l'avait à peine regardé et elle avait dit "Bonne soirée " en lui faisant la bise. Jo n'avait pas voulu comprendre ce qui se passait.
Jennifer était déjà au courant quand Jonathan l'avait retrouvée dans la cuisine elle avait un gant en latex blanc sur la main gauche. Elle avait l'air emmerdée pour lui, ça paraissait sérieux. Il avait dit :
_Pourquoi Cook le prend aussi mal? C'est pas sa meuf, quand même. Il ne m'avait jamais prévenu de ne pas la toucher. Elle l'avait répondu "il peut être con des fois". Sur un ton qui veut dire mais avec tout le pognon qu'il a ne compte pas sur moi pour lui en tenir rigueur. Tout ce qui importe c'est que je ne sois pas prise dans le coup de colère. En gros, c'était sincère, elle était vraiment emmerdée, mais comme c'est elle qui nous avaient ramenés ici elle se sentait responsable.
Jenny nous à tous rassembler dans la chambre.
Elle a préféré qu'on fasse nos affaires toute de suite, elle savait qu'on pouvait aller à Enfield. Il était à peu près sept heures et demie du mat. Elle a sorti une liasse de quatre mille euros en coupure de cinquante, qu'elle avait dans son blouson et les poches de son jean. Elle nous a remerciés pour tous alors que c'est nous qui lui devons tout. Soraya avait plaisanté "je ne pensais pas être nominé si vite" et Jenny lui avait été reconnaissante de le prendre avec dignité. Moi j'étais un peu contente de partir j'étais fatigué de voir de la drogue et des partouzes tous les soirs. Quand on est descendu pour partir, Cook avait déboulé devant nous il avait collé Jonathan contre le mur. "DÉGAGE DE CHEZ MOI JE NE VEUX PLUS TE VOIR" Puis il l'avait repoussé avant de lui envoyer un coup de pied au cul pour le faire avancer. Tandis que Jo rassemblait ses affaires, Cook dans son dos pétait les plombs, donnait des coups de tête dans les portes, déboitait une table avec ses tibias et cherchait à démolir une armoire à coup de talons en disant "CASSEZ-VOUS PUTAIN MAGNE TOI TRANSSEXUEL DE MERDE!!!"
Il hurlait à Jenny TU ME RAMÈNES PLUS PERSONNES ICI...DÉJÀ QUE TA COPINE A ESSAYER DE ME TUER LA DERNIÈRE FOIS AVEC DU G.H.B ET MAINTENANT CE PETIT MEC VEUT ME PIQUER MA NOUVELLE DJ!!!

Crazy hein...?!

Jonathan à tracé à Brighton avec la Mercedes où jenny le rejoindra sûrement.
Dans la petite Opel ont été serrés. Moi, So, K, Megh, Polo et Kelly au volant. On écoutait The Stooges 1969 à fond en délirant sur Cook. Je leur ai raconté l'histoire des cachets dans son verre et K avait rétorqué en disant :
_C'est truc de fou parce que je croyais qu'il parlait de moi. Figurez vous que j'ai mis les cachets de Jenny dans son verre un peu temps avant qui tape sa crise.
Damn, Carla ne savait pas que Jenny prenait de la méphédrone. Je me demandais bien d'où Cook sortait toute cette force et cette paranoïa!
ON EST VRAIMENT INSORTABLE!!
Ce n'était pas des vacances de rêves mais on est rentré avec quatre mille euros en liquide putain... on aime tellement les imprévus qu'on s'est tous regardé et on a décidé de continuer le trip en avion direction Varsovie, Amsterdam puis on a passé un week-end à Enfield avant de rentrer à Marseille.

YouCantREALLYSitWitUS.

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